Félicitations à Jessica Kohn qui a soutenu le 11 juin 2018 à Paris 3 - Sorbonne Nouvelle sa thèse en histoire contemporaine réalisée avec la méthode symogih.org :
"Travailler dans les Petits Mickeys" : les dessinateurs-illustrateurs en France et en Belgique de 1945 à 1968
Sous la direction de Laurent Martin et Jean-Paul Gabilliet, devant un jury composé de Jean-Paul Gabilliet, Philippe Kaenel, Laurent Martin, Emmanuelle Picard, Marie-Ève Thérenty et Sylvain Venayre.
Résumé :
Ce travail s’attache à étudier la profession de dessinateur-illustrateur en France et en Belgique francophone de 1945 à 1968. La profession a longtemps été étudiée sous le seul prisme de la bande dessinée ou du dessin de presse politique. Grâce à une approche prosopographique et à l’étude de 400 trajectoires professionnelles, nous montrons que le métier de dessinateur est polyvalent dans les années 1950 et 1960, touchant autant à l’illustration qu’au dessin politique ou à la bande dessinée. Les dessinateurs sont dépendants du marché et multiplient les lieux de publication comme les pratiques graphiques, en particulier au sein des illustrés. Nous avons privilégié ce support pour appréhender la pratique professionnelle des dessinateurs du corpus.
La polyvalence des dessinateurs et leur dépendance vis-à-vis du marché a des conséquences directes sur la manière dont ils construisent et définissent leur métier, en termes d’auto-représentation, de sociabilités comme de revendications. Le statut de journaliste devient un point d’ancrage pour nombre d’entre eux, apparaissant comme le meilleur moyen de bénéficier des acquis sociaux qui concernent la société salariale de la France et la Belgique des Trente Glorieuses. Dans le même temps, certains aspirent malgré tout au statut d’indépendant.
Les dessinateurs endossent également leur rôle de journalistes dans leurs productions graphiques : leur travail pour la presse et les ouvrages à grand tirage fait d’eux des observateurs visuels de la société des Trente Glorieuses, dont ils transmettent les valeurs, les innovations et les questionnements. C’est dans ce contexte que s’imposent, parfois conjointement, le dessin absurde et la bande dessinée, sans pour autant qu’il s’agisse déjà de spécialisations professionnelles.